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Identité de genre : « Je ne veux pas qu’on s’essuie les pieds sur ces gens-là »

  • Politique provinciale


Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire.

PHOTO : RADIO-CANADA

Publié le 28 septembre


Manon Massé est inquiète. Le Québec n’a pas besoin d’un « comité de sages » sur l’identité de genre, une « nouvelle bébelle » qui pourrait causer plus de tort que de bien, à son avis. Au cours des dernières années, l’Assemblée nationale a déjà débattu de ces enjeux. L’heure est maintenant à l’éducation et au respect des droits, insiste-t-elle.

Fraîchement de retour après avoir subi une chirurgie cardiaque, Mme Massé admet qu’elle se sent un peu larguée. Je reviens et j’ai l’impression de ne plus comprendre ce qui se passe, lance-t-elle en guise d’introduction lors d’une entrevue menée à son bureau de l’Assemblée nationale.

Que des citoyens s’interrogent sur l’identité de genre, soit. Je comprends que la méconnaissance peut créer du doute, de l'incompréhension, concède-t-elle.

Elle est cependant médusée par le discours de certains élus, qui semblent avoir oublié que depuis le milieu des années 2010, l’Assemblée nationale a souvent discuté de ces questions.

En fait, à plus d’une reprise, ils ont voté pour octroyer plus de droits aux personnes trans et non binaires.

Ce que je veux, c'est qu'ici, les élus, on ne fasse pas comme si on n'avait rien fait depuis 10 ans. Ce n'est pas vrai. Une citation deManon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire

Se décrivant comme une bonne joueuse, Mme Massé réserve son jugement final pour le moment où le mandat et la composition du comité de sages seront officiels. Ses appréhensions restent néanmoins nombreuses.


Ils vont être encore plus ostracisés

En 2016, l’identité et l’expression de genre ont été inscrites comme motifs illégaux de discrimination dans la Charte des droits et libertés de la personne. La même année, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi 103 pour permettre aux jeunes trans de faire modifier leur mention de sexe à l’état civil.

En 2020, le gouvernement de la Coalition avenir Québec a interdit les thérapies de conversion. Puis, l’an dernier, les personnes trans et non binaires qui ne souhaitent plus avoir le marqueur de sexe masculin ou féminin ont gagné le droit de faire inscrire la mention X sur leurs documents officiels.

Maintenant que ces droits sont acquis, Mme Massé pense qu’il n’y a plus matière à débat. Je ne veux pas qu'on s'essuie les pieds sur ces gens-là. Déjà, ils sont vulnérables. C'est pour protéger leurs droits qu'on a fait tout ce travail depuis 10 ans, déclare-t-elle.

Le comité des sages annoncé par le gouvernement pourrait donc avoir un effet pervers, croit la co-porte-parole de Québec solidaire, qui perçoit un risque de dérapage.

Quand je vois ce qui se passe aux États-Unis, quand je vois ce que le Parti conservateur canadien commence à rentrer dans la tête du monde, je peux te dire que si on ne se met pas derrière les droits de ces gens-là, tout ce qu'on va créer [...] c'est des impacts sociaux pour eux. Ils vont être encore plus vulnérables. Ils vont être encore plus ostracisés, dit-elle.


Pas un problème familial

Mercredi, François Legault a annoncé que le comité de sages sera sous la responsabilité de la ministre de la Famille, Suzanne Roy, qu’il a qualifiée de personne modérée.

Suzanne Roy, ministre de la Famille du Québec, prend la tête du comité de sages formé pour mener la réflexion sur l'identité de genre. Elle affirme qu'elle définira d'ici les Fêtes le mandat de ce comité et sa composition.

Mme Massé ne comprend pas cette décision. Selon elle, l’identité de genre n’est pas un problème familial : c’est une question de droit. Je ne suis pas sûre que c'est rassurant [...] On a créé du droit pour ces personnes-là, pour ces enfants-là, et on ne l'a pas fait à la légère. Tout le monde était autour de la table, souligne-t-elle.


À son avis, le mandat aurait dû être confié à la ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, Martine Biron.

Suzanne Roy a déjà indiqué qu'il ne s'agit pas d'un comité de représentation des personnes LGBTQ+ pour l'instant, mais que les différentes perspectives seront analysées. Elle a aussi laissé entendre que les membres du comité seraient des gens réfléchis et ouverts.


Quels extrêmes?

Mme Roy a aussi affirmé que dans le débat sur l'identité de genre, il y avait des extrêmes des deux côtés. Ces propos font écho à ceux de François Legault, qui a aussi exprimé sa volonté de mener un débat serein, sur des bases communes, sans tomber dans les extrêmes.

Or, pour Manon Massé, ce genre de discours doit absolument être clarifié afin d'éviter toute ambiguïté.

De quels extrêmes est-il question? Je connais le taux de tentatives de suicide chez les personnes trans et non binaires; c'est quand même huit fois plus que chez les autres jeunes du même âge. C'est ces gens-là qu'il faut qu'on protège. Une citation deManon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire

Ouvertement lesbienne, Mme Massé estime que c’est parce que les décideurs publics ont eu du courage, dans le passé, que l’homosexualité est aujourd’hui mieux acceptée au Québec. Elle espère voir la même évolution pour les questions relatives à l’identité de genre.

J'ai eu cette chance, il y a 40 ans. J'ai envie que l'État du Québec offre la même chance aux personnes trans et non binaires, affirme-t-elle.


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