Drainville ne veut pas de toilettes mixtes dans les écoles
Politique Québec

Jacques Boissinot La Presse canadienne Le ministre de l’Éducation du Québec, Bernard Drainville, le 1er juin dernier, à Québec
François Carabinà Québec
Correspondant parlementaire
12 septembre 2023
Québec
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, refuse de voir apparaître des toilettes mixtes dans les écoles du Québec. Une décision qu’il base sur son « expertise d’intimité ».
« Imaginez une école secondaire. On a des jeunes filles de 13, 14, 15 ans. J’imagine la scène : une jeune fille qui commence à avoir ses règles, par exemple, et qui sort du cubicule. Puis il y a des garçons, à côté, de 13, 14 ans qui la regardent », a-t-il lancé mardi lors d’une mêlée de presse.
L’élu de la Coalition avenir Québec a donné en exemple l’école secondaire D’Iberville, à Rouyn-Noranda, qui a décidé de transformer ses salles de bains en bloc sanitaire mixte, rapportait Radio-Canada à la rentrée. « Nous pensons que l’école doit effectivement rectifier le tir », a dit M. Drainville quelques minutes avant la période des questions.
Seule exception, selon lui : les salles de bains individuelles, qui pourraient rester non genrées.
Sur quelle expertise s’appuie le ministre pour prendre une telle décision ? lui a demandé un journaliste. « Sur l’expertise [d’]intimité, monsieur », a-t-il répondu du tac au tac. « À un moment donné, les garçons et les filles ont le droit d’avoir leur espace », a-t-il ajouté.
Une affirmation partagée par le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay. « Les toilettes pour garçons et filles, ça doit rester », a dit l’élu libéral.
« Gauche radicale »
En matinée, mardi, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, avait associé l’arrivée de toilettes mixtes dans les écoles à la montée d’idéologies « en provenance de la gauche radicale » dans les écoles du Québec. « Pour moi, donc, ce genre de questions là, les toilettes [mixtes], les pronoms, les nouvelles théories d’écriture inclusive, doivent être débattues ici, à l’Assemblée nationale », a-t-il dit.
M. Drainville et sa collègue responsable de la Condition féminine, Martine Biron, ont aussi affirmé être « en réflexion » sur les questions d’identité de genre. « On veut se donner un cadre. Maintenant, lequel ? » s’est interrogé à voix haute le ministre de l’Éducation.
Quelques jours après que les membres du Parti conservateur du Canada eurent appelé à limiter l’accès aux recours médicaux de changement de sexe, M. St-Pierre Plamondon a suggéré la tenue d’une commission parlementaire en bonne et due forme sur l’identité de genre et ces « nouvelles théories ». « Je vois beaucoup d’idéologies en provenance de la gauche radicale qui [sont] imposées, puis c’est là que j’ai un enjeu. Lorsqu’on impose des concepts, des manières de faire, des nouveaux programmes dans le système d’éducation sans aucun débat démocratique préalable », a dit M. St-Pierre Plamondon, qui avait aussi refusé d’utiliser le terme « Mx » pour désigner une enseignante non binaire il y a deux semaines.
Ces propos lui ont valu quelques pointes de la part du co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, mardi. « C’est [Pierre] Poilievre ou M. Plamondon qui a dit ça ? » a-t-il lancé avec ironie mardi.
L’élu solidaire a appelé ses adversaires politiques à « laisser ces enfants-là tranquilles ». « Les enfants trans ont huit fois plus de chances de se suicider que les autres enfants », a-t-il affirmé. « Ça, ce n’est pas l’idéologie de la gauche radicale, c’est un fait. »